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A l'heure du repas

Gare au chantage

à l'affectif

<<Ne pleure plus, je vais te donner un bonbon !>>
Qui n'a jamais été tenté d'avoir recours à cette phrase magique ? Apparemment anodine, elle peut être lourde de conséquences si elle devient un mode relationnel avec l'enfant. En associant réconfort et sucreries, les parents induisent que seuls les aliments sucrés sont capables de rassurer. Autre exemple : la tétée ou le biberon de lait ou d'eau sucrée enfourné dans la bouche de bébé au moindre cri. Par ses pleurs, le bébé exprime toutes sortes d'émotions en dehors de la faim. Ennui, énervement, douleur…
Il faut apprendre à les interpréter et à trouver la réponse adéquate. En ayant trop souvent recours au biberon, on crée chez l'enfant un lien entre les sentiments douloureux et la nourriture. Or, un aliment n'est ni source de réconfort ni une récompense. À la longue, ces comportements conduisent à une dépendance vis-à-vis de l'alimentation. Un adulte n'ayant pas appris à gérer les situations difficiles durant l'enfance reproduit ces réflexes qui peuvent conduire à la boulimie.

<<Fais plaisir à maman, mange tes épinards…>>
Cette phrase à double sens crée une relation faussée entre plaisir et alimentation. L'enfant ne doit pas manger pour faire plaisir à une autre personne, mais apprendre à éprouver du plaisir en mangeant. À la longue, cette phrase engendre une frustration chez l'enfant qui ne prendra plus aucun plaisir à se nourrir. En France, se retrouver autour de la table fait partie des plaisirs de la vie, chacun raconte sa journée… L'heure du repas devient alors synonyme de partage et de convivialité - qui sont d'excellents stimulants pour l'appétit. Chez l'enfant, ce facteur est aussi important pour l'équilibre alimentaire que la structuration de l'alimentation en quatre repas : petit déjeuner, déjeuner, goûter et dîner. À l'inverse, des repas déstructurés, en solitaire devant la télé annulent la notion de plaisir. Chacun se désintéresse de son assiette et mange vite fait. La répétition de ce genre de situations conduit souvent à la perte de la sensation de faim et donc, forcément, au grignotage.



La perte partielle ou totale du goût s'appelle
agueusie. Cette affection reste très rare. Les maladies gustatives les plus courantes sont dues à une perte de l'odorat.

Interpréter une

courbe de croissance

Le carnet de santé d'un enfant contient des courbes de taille et de poids qui permettent de suivre sa croissance.

Une courbe IMC (Indice de masse corporelle; voir ci contre) connaît des fluctuations normales. Jusqu'à l'âge de 1 an, elle est ascendante puis redescend jusqu'à 6 ans. A cet âge, l'IMC augmente à nouveau pour atteindre son maximum à l'adolescence. On appelle cela un rebond d'adiposité. Un rebond d'adiposité précoce ou une courbe qui sort de la moyenne normale doit alerter les parents.

1) ANOUK est un gros bébé jusqu'à l'âge de 2 ans. A 3 ans, alors que la plupart des enfants s'affinent, elle connaît un rebond d'adiposité puis son poids évolue de façon vertigineuse. Cette adolescente est aujourd'hui obèse.

2) ZOÉ: jusqu'à 2 ans et demi, Zoé est plutôt ronde. Elle s'affine à partir de l'âge de 3 ans jusqu'à 8 ans où elle effectue son rebond d'adiposité. Zoé retrouve ensuite une croissance harmonieuse.

L'indice IMC permet d'évaluer la corpulence de l'enfant et de révéler les cas de surpoids.

Courbe établie par le Dr M-F. Rolland-Cachera et pr M. Sempé, Inserm 1995

Des jeux pour

éduquer leurs

papilles


Passer à table et devoir "manger de tout", n'est pas forcément une partie de plaisir pour un enfant. Voici quelques idées de jeux pour lui faire découvrir tout un tas d'aliments.

Le goût est le seul sens qui ne peut fonctionner seul. L'odorat, la vue, l'ouïe et le toucher participent à la construction de la mémoire gustative de chaque individu. Les activités proposées font donc appel aux différents sens qui forment le goût. Vous pouvez organiser ces jeux avec plusieurs enfants afin de créer une stimulation entre les participants.

Reconnaître les parfums : bandez les yeux des joueurs et faites-leur sentir des aliments. Choisissez ces aliments (et leur nombre) en fonction de l'âge des enfants. Exemple : une palette d'herbes aromatiques, un plateau de fromages ou des fruits de saison pour les grands, des ingrédients simples (vinaigre, cacao, vanille, confiture…) pour les plus petits.

Associer bruit et aliment : casser une noisette, écraser un biscuit, couper du pain, tartiner une biscotte, écosser des haricots, croquer une pomme… Les yeux fermés, les enfants devront associer le bruit et l'aliment concerné. Procédez de la même manière pour le jeu du toucher. Les yeux bandés, les enfants devront reconnaître un aliment en le touchant.

Concours de décor d'assiette : quoi de plus alléchant qu'une assiette bien présentée ? Proposez aux enfants les aliments qu'ils refusent habituellement, accompagnés de sauces, herbes fraîches, pâtes, semoule, jambon, œufs durs, charcuterie… Le tout servi joliment pour donner envie de goûter.

Il mange toujours

la même chose...


Comme 80 % des enfants âgés de 2 à 10 ans, le vôtre refuse certains aliments, en particulier ceux qu'il ne connaît pas. Il est en pleine
"néophobie alimentaire". Il va falloir faire preuve d'imagination.

N'en faites pas tout un plat !
Votre enfant découvre le monde extérieur et l'acte alimentaire l'intéresse moins que lorsqu'il était bébé. C'est une étape normale de son évolution : il ressent le besoin de se rassurer en mangeant des aliments bien connus. En évitant les conflits, cette phobie alimentaire s'estompera au fil du temps.

Ne vous angoissez pas.
Un enfant ne se laisse jamais mourir de faim ! Ce qui ne signifie pas forcément que le vôtre a une alimentation déséquilibrée. Pendant un certain temps, pensez en termes de besoins nutritionnels plutôt qu'en termes de variété. Veillez cependant à ce qu'il garde de vrais repas et qu'il ne grignote pas trop.

Inventez.
Il ne faut pas abandonner son éducation gustative. Invitez-le à participer à la préparation des repas. Un enfant refuse rarement ce qu'il a lui-même préparé. Proposez-lui d'organiser des jeux sur le thème de l'alimentation. De temps à autre, cuisinez des plats originaux afin d'éveiller sa curiosité.

Persévérez.
Si votre enfant refuse un groupe d'aliments (légumes, fruits, laitages…), proposez-lui quand même mais sous des formes variées. Faites plusieurs tentatives à quelques jours d'intervalle, sans jamais le forcer. Au bout d'un certain temps, il les acceptera peut-être plus facilement. Dites-vous aussi que les goûts changent avec l'âge et que votre enfant se crée petit à petit sa propre palette gustative.

 

 

Source : le journal Carrefour - octobre 2001 - n° 78

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