Faut-il avoir peur des

vaccinations ?


Régulièrement, cette méthode préventive suscite des interrogations. Le point sur ses avantages réels et ses risques.

La vaccination protège efficacement à condition de respecter les dates de rappel.

Une maladresse gouvernementale aura suffit. L'arrêt des vaccinations contre l'hépatite B à l'école, il y a quelques mois, a réveillé l'inquiétude de certains parents. " Depuis, je dois passer une demi-heure à expliquer l'intérêt de la vaccination ", nous confie un généraliste.

Des vaccins de plus en plus sûrs et bien maîtrisés
Pourtant, cet acte de prévention sauve, chaque année, des millions de vies. Un exemple permet de le comprendre : celui de la rougeole aux Etats-Unis. c'est-à-dire sur une population immense. En 1963, année de l'apparition du vaccin, on dénombrait dans ce pays jusqu'à 600 000 cas de rougeole par an. Cinq ans après, ce nombre était tombé à 22 000. En 1983, il était descendu en dessous de 1 500 cas. Les complications de cette maladie, souvent graves, ont quasiment disparu outre-Atlantique : moins de dix cas annuels.
De plus en plus sûrs. les vaccins préviennent aujourd'hui un large éventail de maladies. Pour le médecin comme pour le patient, le geste s'est même simplifié grâce aux vaccins associés : diphtérie-tétanos-coqueluche-polio, par exemple.
Pour l'adulte désireux de se protéger quotidiennement ou en voyage, le choix des vaccins s'est diversifié.

Informer et bien connaître son patient
Reste que l'opération ne doit pas devenir banale ou systématique. Une vaccination demeure un acte médical. Le médecin qui pratiquerait ce geste sans connaître ou interroger son patient commettrait une erreur (il pourrait être considéré comme pénalement responsable en cas de problème). Aussi, n'ayons jamais peur de demander des explications sur un vaccin qu'on nous propose. Là comme ailleurs, il n'y a jamais de mauvaise question !

Comment agissent les vaccins

 

  1. Des formes inoffensives ou inactives d'un agent pathogène sont injectées chez un sujet sain.

  1. Le vaccin stimule le système immunitaire qui produit des anticorps et mémorise l'agent pathogène.

  1. En cas d'infection, les anticorps reconnaissent l'agent pathogène et l'arrêtent : c'est l'immunité.

 

Vaccins Description de la maladie Le bénéfice démontré Les précautions à prendre
Diphtérie

Maladie infectieuse contagieuse, elle représentait jusqu'aux années 30, l'une des principales causes de mortalité infantile.

Vaccin obligatoire efficace à 95 à 98 %. Aujourd'hui, moins de 10 cas annuels.

En cas de maladie aiguë, repousser la vaccination jusqu'à la guérison.

Tétanos

Maladie due au bacille de Nicolaier, qui agit sur les nerfs contrôlant l'activité musculaire. Le tétanos peut entraîner la mort.

Les personnes vaccinées sont immunisées à 95 % pendant 5 ans.

Aucune contre-indication.

Coqueluche

On note une augmentation des cas chez les plus de 10 ans, surtout chez les nourrissons de moins de 3 mois. La contamination se fait souvent par un membre de la famille (adolescent ou jeune adulte). Pour remédier à cette situation, le nouveau calendrier vaccinal préconise un second rappel avec un nouveau vaccin dit " acellulaire " à l'âge de 11 ans.

Le bénéfice démontré : son efficacité spectaculaire a fait tomber la mortalité à… zéro cas. Le taux d'efficacité obtenu après vaccination (trois injections) est de 90 %.

Reporter la vaccination en cas d'infection respiratoire aiguë ou d'épidémie de grippe A.

BCG

Il protège de la tuberculose, maladie infectieuse. On observe une recrudescence de la maladie due à l'extension du sida et à la paupérisation d'une partie de la population.

L'efficacité du vaccin est de 60 à 80 %.

Contre-indiqué aux porteurs du virus du sida.

Vaccins

Description de la maladie

Le bénéfice démontré

Les précautions à prendre

Rougeole
Oreillons
Rubéole
(ROR)

S'il n'existe plus d'épidémie de rougeole, le nombre de cas augmente (60 000 en 1996). Quant à l'incidence des oreillons, elle est estimée à 50 000 cas en 1995 et 34 % des cas surviennent après l'âge de 10 ans. On observe une résurgence de la rubéole depuis 1993, due à des épidémies en milieu scolaire.

L'efficacité de ce triple vaccin est de 95 % pour la rougeole, de 98 % pour les oreillons et de 95 % pour la rubéole. A priori, aucun problème, les souches utilisées pour la fabrication du vaccin étant parfaitement tolérées.
Rubéole Cette maladie entraîne de graves malformations chez le fœtus. On estime que 3 % des femmes enceintes sont réceptives au virus. Il faut donc vacciner lors des consultations de contraception (avant une grossesse). Efficacité de 95 %, deux à quatre semaines après la vaccination. 98 % des femmes restent immunisées 6 à 1 0 ans après la vaccination. Ce vaccin vivant est contre-indiqué chez les personnes dont les défenses immunitaires sont affaiblies (sida par exemple).
Haemophilus
Influenzae B
Cette bactérie est responsable d'infections redoutables aux séquelles parfois mortelles : les méningites. Elles touchent le plus souvent les nourrissons entre 3 mois et 3 ans. Un vaccin (PRP-T) donne les meilleurs résultats. Efficacité évaluée à 100 % après le rappel à 18 mois. Aucune contre-indication à l'heure actuelle.
Hépatite A Dans certains cas, cette affection bénigne se transforme en hépatite fulminante, pouvant entraîner la mort en l'absence de transplantation du foie. L'hépatite A est responsable de 25 % des hépatites aiguës graves de l'enfant. Très bonne immunisation, 97 % un mois après la première injection. Un dépistage d'anticorps (par une analyse de sang) permet souvent d'éviter ce vaccin.

Vaccins

Description de la maladie

Le bénéfice démontré

Les précautions à prendre

Hépatite B Cette maladie est responsable de 3 millions de morts par an ! A l'heure actuelle dans notre pays comme dans ceux qui pratiquent cette vaccination, et malgré la polémique qui fait rage en ce moment, aucun lien de causalité n'a pu être établi avec la sclérose en plaques (maladie du système nerveux central). En France, sur 20 millions de personnes vaccinées, 160 cas de sclérose en plaques ont été mis en évidence. Obtenu par génie génétique, ce vaccin est le premier vaccin de prévention contre un cancer (l'hépatite B pouvant entraîner un cancer du foie). 90 % des personnes vaccinées sont immunisées environ un mois après la troisième injection. Interdit en cas d'infection fébrile sévère ou d'hypersensibilité à l'alumine. En cas de sclérose en plaques, l'intérêt de la vaccination doit être bien évalué avec le médecin.
Grippe Durant l'hiver 97/98, malgré une épidémie d'intensité moyenne, 2,4 millions de Français ont consulté pour une grippe (source Inserm), une des principales causes de mortalité par maladie infectieuse. Elle est particulièrement dangereuse chez les personnes âgées. Efficacité de 60 à 80 % selon les personnes. Le vaccin est à renouveler chaque année. En cas de vaccinations répétées depuis longtemps, surveillez vos réactions après injection.

 

 

Source: Femme Actuelle n° 754 du 8 au 14 mars 1999

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